15 décembre 2017, Retour sur Rusée de Jersey

En arrivant au bateau, j’entend les petites grenouilles chantantes, les chèvres pas très loin, quelques chiens…
Puis c’est de déshabiller le bateau, installer l’électricité, l’eau… sortir le hors-bord, les accessoires non essentiels. Debout depuis 3heures du matin, je me suis couché dans un coin à 1heure
Le bateau est sale de toute cette moisissure, résultat de plusieurs mois de chaleur et de pluie. Il faut laver, frotter, aspirer.
Voici un petit compte-rendu de mon voyage

Deux heures d’attente à Toronto pour déglacer le Boing 767 alors qu’à Québec les gens se battent pour se sortir de leur première tempête de neige de l’hiver.

À part cela, des vols réguliers, sans histoire jusqu’à ce que:

Je suis assis au centre de la rangée 50, entre les deux toilettes. Je n’ai pour divertissement que la lecture fournie par Air Canada Rouge et le film ASTERIX en anglais que je regarde par dessus l’épaule de mon petit voisin Barbadien de dix ans environ. Il s’en aperçoit, me sourit, se tourne un peu pour que j’aie un meilleur angle et monte un peu le volume de son iPad.

Un homme âgé probablement de la Barbade vient de mourir (ACV) à une rangée de moi. Il est monté à bord avec l’aide de préposés, il s’est levé à quelques reprises pour aller aux toilettes. Puis s’est assis et … est décédé, tranquille, en silence.
Le personnel,  un médecin et une infirmière (passagers)  sont intervenus immédiatement. Le personne n’a pas de pouls, montre aucun signe vital. Ils ont tenté toutes les procédures de réanimation mais sans résultat. Je revois en vrai les procédures de réanimation enseignées par les ECP.

Il est dans un « body bag » de biais, juste derrière moi.

Je fais un peu de wifi au resto de l’aéroport puis me commande un sandwich/café. J’ai le temps, l’embarquement pour la Grenade est à 21h40. À 21h30, je m’ébaubie de voir qu’il n’y a personne, pas de filée, pas de personnel à la porte 9. Enfin un officier s’approche “Ha! There you are”- What do you mean? Am I not early? -“Yes, but everybody is in the plane and we will leave as soon as you are settled”. Wow! Est-ce qu’on est bien dans les Caraïbes ?

À la douane Grenadienne, ils font ouvrir toutes les valises des gens qui retournent à leur bateau. C’est comme un drapeau rouge. Il y a des taxes à percevoir.
“Sir, are you bringing equipment back to your boat?”
– Yes and no, I made a few little things that will make our life on board more enjoyable.
– “like what for exemple ?”
– Well,  this cutting board is hard wood and will do perfectly to cover the second sink.
Je vois l’aide douanier rigoler à l’idée que la douanière vient de manquer son coup et ne peut taxer une pièce “home made”
– “Anything else sir?”
– There are two made to measure mosquito screens for my port holes.
Excédée, elle m’envoie à un autre comptoir où l’agente me demande d’ouvrir ma valise.
– “Sir, are you bringing equipment to be put on your boat ?”
If you mean electronics, motors, pumps, no, I am not.
– “Please empty your valise and we will see”.
What ? This late ? There will be no taxis at the door when we finish.
-“ Sir ?”
-Ok ok et je luis sort ma casserole et entreprend de lui vanter les bénéfices de ce couvercle transparent qui réduira beaucoup les éclaboussures de mes sauces, puis je lui demande si elle utilise du romarin et de la moutarde de Dijon dans ses boulettes de viande. Elle n’en crois pas ses oreilles et embarque presque dans la conversation mais reprend son sérieux.
-“What else do you bring ?”
I have my brushes and acrylics for I like to paint when the bay is quiet and the light is right. Did you know that Burnt Umber mixed with Cobalt Blue make for a beautiful sky?
Elle prend un tube, l’ouvre pour voir s’il est neuf, et le dépose.
Excédée, elle ne lâche pas prise.
-“Did you not bring any boat equipment ? What is this ?
-“ Oh I forgot, this is my spare piano.”
-“What do you think I am ? Stupid ?”
Je lui déroule le clavier de 88 notes et lui joue une partie de la berceuse de Brahm en Do majeur, le sourire en coin lui suggérant qu’il était temps d’aller dormir.
– “I give up! I quit! I have never seen anything like that.” Les bras en l’air. Go! Go! Or you gonna miss that taxi et s’esclaffe d’un fou rire, fatigué.
Yves

1 Comment on “15 décembre 2017, Retour sur Rusée de Jersey

  1. Merci pour le suivi de tes expéditions parfois drôles, parfois moins. Ce doit être assez troublant d’avoir non loin de soi en avion un corps inerte. Il me semble que cela doit demander beaucoup de concentration pour ne pas voir nos pensées divaguées de manière outrancière.

    Quand aux douanes américaines j’ai aussi connu des fouilles inutiles, des questions pas toujours bien comprises qui me valait quelques imbroglios. Toi tu racontes ces anecdotes avec beaucoup de subilités et de brios. Bravo pour ton compte-rendu.

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