Carnet nº 14 : Les Antilles, prise 2

Grenade, Carriacou, Mustique…

Bequia, Ste. Lucie, Martinique, Dominique…

Tous ces noms font rêver! Ils invoquent des images de sable doré et d’eau turquoise; de soleil ardent et de brises rafraichissantes. Ils interpellent bon nombre de nordiques aux prises avec les rigueurs de l’hiver…

Au cours de cet hiver 2011, soit du début janvier à la mi-mars, nous avons effectué les formalités douanières de cinq pays et visité une douzaine d’îles qui nous étaient jusqu’alors inconnues. Anglaises, françaises et indépendantes, nous avons trouvé dans chacune une identité propre; une personnalité distincte. La majorité de ces îles nous a charmé et nous inspire à y retourner un jour pour y poursuivre nos découvertes et rencontres.

La Grenade porte bien son surnom de « l’île aux épices », et après l’aridité des Canaries et du Cap-Vert, nous étions enchantés de nous promener au cœur de sa végétation dense et luxuriante, d’humer ses parfums fertiles et de constater partout la générosité de sa nature. Tout y pousse. Bananes, fruit à pain, mangues, goyaves, papayes, cacao, café… et bien sûr, une multitude d’épices dont la muscade, emblème de l’île. Et que dire des plantes qui chez nous tiennent dans de modestes pots pour orner nos salons? Dans les tropiques, elles ont la taille des arbres!

Nous avons passé trois semaines à la Grenade en compagnie de la famille Sanchez de Two’s Company, parcourant l’île d’un bout à l’autre à bord d’une voiture de location et découvrant plusieurs de ses magnifiques baies de la côte sud. Par contre, les tempêtes hivernales qui sévissaient dans l’est du Canada et des Etats-Unis ont suscitées à la Grenade, comme ailleurs aux Antilles, des conditions météo bien moins agréables que d’ordinaire. Le temps fut inhabituellement venteux et pluvieux et la mer le plus souvent agitée. Quantité d’ancrages furent sujets à une forte houle qui a compromis plus d’une nuit de sommeil à plus d’un équipage!

Un jour de la mi-janvier, Frank et Yves avaient décidé de s’offrir, ainsi qu’à Dimitri et Nathan, une journée de voile et de pêche en haute mer. Sylvie et moi devions bénéficier d’une journée tranquille « entre filles ». Eh bien, l’escapade a mal tombée, car la mer était forte et les vents musclés ce jour là, et peu après 13h Rusée est apparue à l’entrée de la baie… sans poisson en dépit de la « nourriture » larguée par-dessus bord par certains équipiers…

Nous avions bien hâte de connaître les mythiques Grenadines, et nous avons navigué au cœur de celles-ci du 21 janvier au 14 février, toujours en compagnie de Sylvie, Frank, Nathan et Dimitri de Two’s Company. À titre de bonus, c’est aux Grenadines que nous avons de nouveau croisé le chemin de Catacaos, avec Lorraine, Graham et le jeune Lucas (maintenant bien plus grand) à bord. Ce furent des retrouvailles précipitées, car ils devaient rallier la Grenade pour y recevoir une invitée, mais nous sommes bien contents de les avoir revus puisque depuis, ils ont franchi le Canal de Panama pour poursuivre leur tour du monde du côté Pacifique.

Les Grenadines sont composées d’une quinzaine d’îles et îlots au sud de St. Vincent et au nord de la Grenade. À l’exception de Carriacou, Petite Martinique, Fota et Petite Dominique qui font partie de cette dernière, les autres îles relèvent de St. Vincent. Au cours de notre périple nous avons pu identifier trois catégories d’îles aux Grenadines : les « authentiques » où les gens vivent comme ils l’ont toujours fait de la pêche et de l’agriculture; celles qui misent sur le tourisme d’élite en offrant des développements super-exclusifs aux super-nantis; et les Tobago Cays, sans doute les préférées des plaisanciers puisqu’on y trouve quatre îles inhabitées au sein d’une grande réserve naturelle.  En dépit de leur popularité, nous y avons passé trois jours magnifiques à explorer les îles et récifs, et à nager avec les tortues dans une eau cristalline. Par ailleurs, même si la météo demeurait perturbée, nous étions totalement à l’abri de la houle, protégés par le grand récif en forme de fer à cheval qui isole les Tobago Cays de la mer.

Bequia (prononcé Bekwé), la plus au nord des Grenadines, nous a plu à tel point que nous y sommes restés plus d’une semaine. Il s’agit probablement, dans la chaîne des Grenadines, de l’île qui gère la mieux le fragile équilibre entre économie locale et tourisme. Après quelques jours dans la pittoresque mais très houleuse Friendship Bay, où nous étions le plus souvent seuls avec Two’s Company, nous nous sommes joints à la multitude de bateaux déjà à l’abri dans Admiralty Bay, principal ancrage de l’île. Et de là, nous avons continué nos randonnées quotidiennes sur les magnifiques routes, pistes et plages de Bequia.

Ayant décidé de sauter par-dessus l’île de St. Vincent, nous avons atterri le 15 février sur l’île de StLucia, où durant les cinq jours de notre visite, nous avons trouvé abri dans les baies de Marigot, au sud et de Rodney Bay, au nord. St. Lucia fut une belle surprise pour nous à tous les niveaux : beauté des paysages, qualité des abris, vie sous-marine, accueil des insulaires et services aux plaisanciers. L’île étant officiellement anglophone, nous étions étonnés d’y trouver quantité de « boat boys » (locateurs de tangons et vendeurs de fruits) et d’insulaires qui parlent un patois français tout à fait compréhensible. Sans doute des vestiges de l’époque où l’île était colonie française… Charmeurs ces gens! Dont Max, qui fabrique et vend paniers, chapeaux et animaux à partir des frondes de palmier. Il nous a offert plusieurs cadeaux (un chapeau, des poissons, des oiseaux), et nous l’avons bien sûr encouragé en lui achetant quelques paniers.

La baie de Marigot est très jolie. Étroite et tout en long, elle se termine par un petit lagon où se cache marinas, restaurants et installations de luxe. Les hautes falaises entourant la baie sont vertes d’arbres et de végétation subtropicale et les maisons perchées dans les hauteurs sont plus coquettes les unes que les autres. Nos randonnées à terre nous ont offertes non seulement d’excellents entraînements cardiorespiratoires, mais également des panoramas à couper le souffle!

Un jour nous avons fait une excursion aux Pitons, à quelques neuf miles nautiques au sud de Marigot, dans l’annexe rapide de Two’s Company. Nous y avons effectué d’intéressantes plongées dans une eau translucide aux superbes reflets bleutés, débordante de coraux, d’anémones et de poissons. Nous y avons également pique-niqué sur une plage déserte et trouvé de nouveaux trésors pour nos collections grandissantes de coquillages.

Rodney Bay au nord de St. Lucia est une très grande baie qui abrite plusieurs dizaines de bateaux face à une longue plage bordée d’hôtels et de restaurants. Mais Rodney Bay compte également un vaste lagon intérieur avec marinas et zones d’ancrage pouvant accueillir des centaines de bateaux, dont quantité de méga-yachts. On y trouve également tous les services imaginables requis par les navigateurs. Faute de temps, nous n’avons passé que deux jours à l’ancre dans la baie extérieure, mais nous nous sommes promis d’y revenir à la première occasion. Quant à elle, la famille Sanchez devait rallier la Guadeloupe pour récupérer les carnets scolaires des garçons, et nous nous sommes quittés en nous promettant de nous retrouver quelques semaines plus tard.

C’est que nous attendions de la grande visite en Martinique! Et comme nous ne connaissions pas encore l’île, nous voulions y arriver d’avance pour prendre nos repères, préparer le bateau et planifier un tant soit peu le programme d’activités pour le séjour de ma sœur Chantal et son ami Iliasse. C’est à Ste-Anne, au sud-est de la Martinique, qu’ils nous ont rejoints pour une semaine remplie de vélo, de randonnées en nature, de pique-niques sur la plage et d’explorations en apnée, avec ici et là une pause détente sur le bateau. C’est aussi en leur compagnie que nous avons effectué une sortie en apnée qui fut parmi mes préférées de tout le voyage. En effet, au nord de l’Anse Noire nous avons trouvé des grottes et des récifs qui n’ont pas leur égal en termes de corail et d’anémones, incluant des « grappes » fleuries aux tons orangés et de délicates tiges couleur lilas que je n’ai jamais vues ailleurs. Au sein de cette même grotte aux superbes rochers colorés se trouvaient des centaines de chauves-souris suspendues à l’envers et jacassant bruyamment pour passer le temps en attendant le couvert de la nuit. Quel bonheur pour nous d’avoir pu partager un peu de notre univers avec Chantal et Iliasse!

Suivant leur départ, nous avons fait halte à l’Anse Mitan pour voir une amie danseuse-chorégraphe originaire de la Martinique, et ce fut très plaisant de découvrir les espaces résidentiels et artistiques de Josiane et son mari Maurice, qui nous ont gentiment reçus chez eux, dans les hauteurs du Morne Gallochat. Par contre, quelques problèmes s’étaient manifestés sur le bateau, et nous devions retourner au Marin, à la pointe sud-est de l’île, afin que Yves se procure des pièces de rechange.  Après quoi nous avons poursuivi notre route jusqu’à St-Pierre, au nord-ouest. Tristement célèbre, cette ancienne capitale, surnommée « Le Petit Paris » des Antilles, fut anéantie lors de l’éruption du Mont Pelée en 1902 : une terrible tragédie qui a couté la vie a près de trente mille personnes. Nous avons déambulé longuement dans la ville et ses environs. Les ruines de l’éruption y sont encore exhibées, un musée y est consacré et quantité de maisons et d’édifices sont construits à même les fondations des immeubles engloutis. En dépit de ce triste héritage, nous avons été charmés par cette ville pleine de vie et d’histoire.

Enfin la Dominique, une île que nous étions impatients de visiter! Le 15 mars au matin nous avons quitté St-Pierre sous grand voile et moteur en raison des vents erratiques et contraires aux prévisions. Mais tel que soupçonné, il ne s’agissait que d’un phénomène local, car aussitôt franchie la pointe nord de la Martinique, nous avons pu couper le moteur. Quelle journée magnifique sous ciel bleu, soleil chaud et brise tiède! La mer était couverte de petits moutons gambadant joyeusement ou s’élançant avec ambition, et quelques embruns sont même parvenus à nous rejoindre dans le cockpit. En approchant de la pointe sud de la Dominique, le vent avait tellement forci qu’il nous a fallu réduire la voilure, tandis qu’un peu plus tard… plus rien. Nous avons dû terminer notre route à moteur!

Encore bien au large de Roseau, nous avons été accueillis par Desmond, un des « boat boys » de l’île. Courtois et chaleureux, il nous a poliment offert de louer un tangon. « You want to anchor?! Not a good idea… you could harm the coral and our fishpots ». Yves m’a jeté un petit coup d’œil et lui a répondu « Oh really?! OK. We’ll take a mooring for 1 night ». À l’équivalent de 10$ US la nuit, cela valait la peine d’encourager l’économie locale, et en fin de compte, nous sommes restés trois nuits au tangon.

Desmond nous a également mis en contact avec son patron surnommé Sea Cat, et celui-ci nous a organisé une visite d’une demi-journée en compagnie d’une demi-douzaine d’autres plaisanciers. Avec Joe, notre guide, nous avons fait un circuit incluant Laudat, dans les montagnes au nord-est, Titou Gorge Falls, Trafalgar Falls au sein du parc national des Trois Pitons, les « bubbling lake » et « sulphur springs » du « mini volcan » près du village de Wotten Woven (rien à voir avec les phénomènes volcaniques de Sao Miguel, mais bon…). Pour terminer, nous avons pris Jack’s Trail dans les hauteurs de Roseau pour admirer la ville et visité le Jardin botanique, où nous avons vu des arbres extraordinaires, dont un Baobab géant qui en tombant lors de l’ouragan David de 1979, a détruit un autobus scolaire (heureusement vide); un « Cannonball tree », dont le tronc est juché de lianes au bout desquelles se trouvent des boules qui ressemblent effectivement à des boulets de canon (apparemment, lorsque ceux-ci tombent de l’arbre et ont le malheur de se briser, il s’en dégage une horrible odeur de pourriture) et un Banyan de l’Inde! Gigantesque! Démesuré! Impressionnant!!

Lors de notre premier arrêt de la journée, j’ai presque raté le meilleur, car à Titou Gorge, nous pouvons nager dans une rivière tortueuse, empruntant une faille très étroite qui coule entre deux falaises verticales, pour éventuellement atteindre la base d’une chute. Il y avait beaucoup de touristes en provenance d’un bateau de croisière… et l’eau était plutôt fraîche, mais lorsque j’ai vu la mine réjouie des nageurs à leur retour, j’ai cédé à la tentation. Et quel bonheur de suivre cette étroite rivière, avec les arbres en toiture filtrant les rayons solaires, pour me retrouver au pied de la chute, et lutter contre d’impressionnants courants pour tenter de m’en approcher.  À Trafalgar Falls, on trouve deux chutes et des sources chaude et froide nous offrant un véritable « spa nature ». Pour nous qui n’avions pas connu le plaisir de se prélasser dans une baignoire depuis 20 mois, la source chaude fut un luxe en dépit de la chaleur tropicale ambiante. En somme, lors de notre excursion guidée, nous avons traversé des paysages luxuriants et parfumés, et constaté combien les dominicains vivent près de leur nature. D’ailleurs, dans ses
« excès », celle-ci rappelle Sao Miguel aux Açores et Madère. Mais la Dominique est grande, et nous n’avons pas vu Victoria Falls, ni le Emerald Lake, ni le Indian River à Portsmouth…

Par ailleurs, les insulaires affichent une bonne humeur et une joie de vivre contagieuses bien que la Dominique soit pauvre selon « nos » standards, et nombreuses sont les baraques de tôle ondulée toutes rapiécées, décolorées et rouillées, avec de la broche métallique aux rares fenêtres. Ces modestes abris se trouvent souvent à côté d’une plus rare maisonnette de ciment; moderne et colorée. Les commerces sont également  délabrés, et à plusieurs reprises, je me suis rendue compte qu’une résidence que je croyais abandonnée était en fait habitée; qu’un commerce ou un hôtel qui me semblait fermé était bel et bien opérationnel. Les routes sont étroites et les rares trottoirs complètement brisés, et le plus souvent, les piétons doivent marcher dans la rue, où ils se font vivement klaxonner par les chauffeurs. Il y a foule partout. Les rues font office de cour, de salon, de commerce de fortune, de terrain de jeu et de lieu de rassemblement…  Très « antillais » tout ça… mais d’un antillais plutôt « English ». En somme, nous avons beaucoup apprécié la Dominique, et nous avons quitté l’île heureux de notre visite et désireux d’y retourner.

Notre prochaine destination était Les Saintes, et nous venions d’apprendre que nos amis Sandy et Bill du Dragonfly faisaient route à partir des Îles Vierges pour nous y rejoindre. Ne les ayant pas vus depuis le mois de juillet, lorsque nous quittions les Bermudes pour traverser aux Açores tandis qu’ils ralliaient les Etats-Unis, ce furent d’heureuses retrouvailles… qui n’auront malheureusement durées que quelques jours…

Puis, du 24 au 31 mars, la sœur de Yves nous rendait visite, et nous l’avons rejointe à la Guadeloupe, pour la ramener dès le lendemain aux Saintes. Entre temps, Manu et Michèle du voilier Teepee étaient arrivées avec une amie, et la visite d’Andrée s’est passée largement en leur compagnie. Nous lui avons fait connaître nos endroits favoris (telle la magnifique plage de Pompierre) et avons poursuivis avec elle nos découvertes de l’île. C’est ainsi que nous avons foulé de nouveaux sentiers de randonnées, incluant celui du Chameau, plus haut point de l’île, et visité le Fort Napoléon, magnifique site historique lequel aurait pu aisément nous retenir une journée complète. Cette visite aux Saintes aura également permis mon initiation au kayak (grâce à Andrée qui en est une grande adepte) et au dériveur sur petite chaloupe à voile avec Manu comme monitrice de « Sailing Dinghy pour les Nuls ». Amusant, mais beaucoup moins stable que Rusée!

Suivant la visite d’Andrée, nous avons poursuivi notre route vers le nord. Nous étions déjà au début avril, et après deux jours d’escale à Deshaies au nord-ouest de la Guadeloupe, nous avons rejoint Falmouth Harbour, Antigua, où nous attendait la famille Sanchez de Two’s Company. C’est donc avec Frank, Sylvie et leurs garçons que nous avons entrepris notre dernière « découverte » de la saison : Barbuda!  Il s’agit d’une île enchanteresse et peu fréquentée au nord d’Antigua qui nous a retenus captifs pendant dix jours. Intouchée et peu développée, Barbuda ressemble sans doute aux Antilles d’il y a un siècle, et malgré une météo quelconque (il a plu 5 jours sur 10), nous avons pleinement jouis de ses beautés naturelles et de son calme. De plus, grâce à notre ambassadeur, Frank, nous avons connu Gambi, Doug et Ziko, trois pêcheurs locaux très avenants et fiers de partager leur île avec nous.

Au fil du temps, les Sanchez en étaient arrivés à faire partie de notre « famille » élargie, et nous avions presque le sentiment d’être « oncle » et « tante » pour Dimitri et Nathan. À Madère et de ce côté de l’Atlantique, ils ont partagé notre quotidien et nous le leur. Nous avons goûté aux joies de la vie de famille et connu les défis de l’école par correspondance dans un environnement paradisiaque qui, avouons-le, n’encourage pas vraiment les jeunes à maintenir le nez dans leurs bouquins. Chacun son tour et parfois de manière improvisée, les garçons ont couché à bord et Dimitri a navigué sur Rusée lors de nos traversées d’Antigua à Barbuda, puis vers St-Barth. Lors de cette dernière traversée, nous avons attrapé pas moins de quatre poissons, dont une daurade coryphène de cinquante pouces et un barracuda junior. Les deux dernières prises, deux Great Barracudas d’un mètre de long, donc trop grands pour être mangés sans risque de ciguatera, ont été relâchés à la mer.

Notre principale motivation à monter jusqu’à St-Barth encore cette saison était de revoir nos amis alsaciens Suzanne et Dominique Noeser, qui habitent l’île depuis une décennie. Quel plaisir de les présenter aux Sanchez, également alsaciens, avec lesquels ils se sont découverts plusieurs connaissances communes! En dépit des vents soutenus durant notre séjour, nous avons eu du bon temps à faire connaître St-Barth aux Sanchez et à partager les eaux de l’Anse de Colombier avec les tortues, les raies et les étoiles de mer, sans oublier les poissons tropicaux. Toutefois, il était temps d’amorcer notre descente au sud, et dès que les vents (contraires pour nous) se sont calmés, nous avons repris la mer. C’est ainsi que le 30 avril, le cœur gros, nous avons pris congé de l’équipage de Two’s Company, qui poursuivait sa route vers les Îles Vierges, les Bermudes, puis l’Europe.

La Grenade se trouve à quelques 365 miles nautiques de St-Barth. Nous avions le choix de faire la route par étapes ou d’un long trait. Ayant opté pour le premier scénario, nous avons également décidé de sauter pardessus Antigua pour nous diriger directement aux Saintes. Cette option nous offrait une navigation plus rapide et agréable en nous plaçant de meilleure allure par rapport au vent. Une journée et demi après notre départ, nous sommes arrivés à l’ancrage du Pain de Sucre avec en bonus un beau thon Bonite, la dernière prise de la saison.

Après une petite journée de repos, c’est sous la pluie que nous avons quitté Les Saintes à 15h30 le 3 mai. Pendant plusieurs heures, nous avons profité de belles conditions de voile aux allures portantes. On filait!  Mais en soirée et durant la nuit, Éole a changé plusieurs fois d’humeur, si bien que nous avons dû multiplier les ajustements de voiles et même nous contraindre parfois à avancer à moteur. Puis en fin de nuit, les bonnes allures portantes du début se sont transformées en près serré!  Décidément, les vents contraires se sont souvent acharnés sur nous cette année! Ayant à regret passé outre la Dominique durant la nuit, nous sommes arrivés à Grande Anse d’Arlets de la Martinique en fin d’avant-midi.

Notre prochaine étape était Rodney Bay au nord de St. Lucia, où nous voulions faire le plein d’eau, de diesel et de propane. C’est là que nous avons eu le plaisir de revoir des amis québécois et de rencontrer Gregory, un natif de St. Lucia qui vend fruits, légumes et souvenirs locaux à même son petit bateau décoré des drapeaux de diverses nations. Gregory a transformé une de mes grandes conques en corne d’appel, et comme il n’avait plus de drapeau canadien, nous lui en avons offert un.

Une douzaine d’heures de navigation étaient prévisibles pour rallier Bequia, et le 7 mai nous avons quitté St. Lucia en fin d’après-midi, passant au large de St. Vincent durant la nuit. C’est lors de cette deuxième visite que nous avons connu « Miss J », propriétaire d’un magasin de livres, d’un « juice bar » et du nouveau restaurant The Fig Tree. Dynamique et énergique, elle a également fondé un club de lecture pour jeunes, pour lequel elle est toujours à la recherche de bénévoles désirant faire la lecture aux bambins.

Les dieux de la mer avaient décidé de nous gâter pour notre dernière traversée à voile de la saison, et c’est dans la nuit de 8 au 9 mai que nous avons franchi la distance entre Bequia et la Grenade, portant le spinnaker asymétrique jusqu’à 22h, puis le génois 1 le reste de la nuit. Nos quarts de veille solitaires se sont vécus tout en douceur, en admirant le ciel étoilé et en devinant les îles des Grenadines à notre bâbord.

Déjà, en quittant St-Barth, nous sentions un peu trop l’approche de la fin de notre périple. Mais en arrivant à la Grenade, cette fin devenait immuable, palpable, et inévitable. Tout en essayant de demeurer dans l’atmosphère « no-stress » des Antilles et de profiter chaque jour de notre environnement marin, nous avions fort à faire pour préparer notre départ. Ainsi, du 10 au 24 mai, nous avons désarmé le bateau en vue de sa sortie de l’eau et trié son contenu, déterminant ce qui restait à bord versus ce qui devait nous suivre à Québec. Tout un contrat! D’autant plus qu’au départ en 2009, il n’était pas question de revenir au pays sans notre maison flottante!

Arrivés dans la baie de St. Davids plusieurs jours avant la date de notre sortie de l’eau, nous avons vécu nos dernières journées à la Grenade ancrés près du chantier de Grenada Marine. Nos journées suivaient un patron : réveil matinal et petit déjeuner dans le cockpit; un peu de lecture en sirotant un deuxième café; corvées de préparation du bateau et des bagages; baignade en fin d’après-midi (on aurait pu se baigner au cours de la journée, mais une fois nos locomotives en route, elles n’étaient pas faciles à arrêter!) et souper avec nos amies Manu et Michèle, qui sortaient leur bateau au même chantier.

La décision de laisser Rusée de Jersey aux Antilles n’a certainement pas été facile à prendre, surtout pour Yves qui n’a jamais été séparé de son bateau, mais elle s’est imposée au fil du temps comme le meilleur moyen de faciliter nos projets d’avenir. D’autant plus que nous avions rencontré quantité de compatriotes qui ont déjà adopté le compromis auquel nous pensions, soit celui de devenir des « cruising snowbirds » : vivant la moitié de l’année au Québec et l’autre moitié sur le bateau.

Nous sommes rentrés au pays à la fin du mois de mai, juste à temps (belles coïncidences) pour la soirée d’ouverture du yacht club et les spectacles de fin de saison de L’Ecole de danse de Québec. C’est avec grande joie que nous avons retrouvés parents et amis. C’est avec grande joie que nous anticipons de passer quelques mois sur terre ferme. C’est avec grande joie que j’anticipe mon retour à l’enseignement. Et c’est avec grande joie que nous prévoyons retrouver Rusée de Jersey l’hiver prochain.

 

Nous remercions le ciel pour ces deux années incroyables, et nous vous remercions vous, nos lecteurs, de nous avoir suivis et encouragés à partager notre histoire.

Dominique et Yves

 

Grenada, Carriacou, Mustique…
Bequia, St. Lucia, Martinique, Dominique…

These islands conjure images of golden sand and turquoise seas; of ardent sunshine and cooling breezes. These destinations tempt hordes of Northerners stuck in the jaws of winter. They are the stuff of dreams.

During this past winter 2011, between January and mid-March, Yves and I completed the formalities of five different countries and visited a dozen islands formerly unknown to us. English, French and independent, we found in each a separate identity; a distinct personality, and the majority charmed us and inspired us to return some day.

Also known as The Spice Isle, Grenada was a welcome change after the barren landscapes of the Canaries and Cape Verde. We were enchanted to wander in the midst of its dense and luxuriant vegetation, to breathe its fertile perfumes and to witness everywhere the generosity of its nature. Everything grows in Grenada: bananas, breadfruit, mangoes, guava, papaya, cocoa, coffee… and naturally, a multitude of spices including nutmeg, the island’s emblem. And what of the plants that we Northerners grow in pots to decorate our homes? In the tropics, they are as large as trees!

We spent three weeks in Grenada with the Sanchez family from Two’s Company, thoroughly visiting the island in a rental van and discovering several magnificent bays along its southern coast. However, the winter storms raging in Eastern Canada and the US created unusual weather conditions in Grenada and elsewhere in the Caribbean. It was often very windy, with rain a regular occurrence despite the fact that we were technically in the dry season, and the seas were often agitated. A number of anchorages were exposed to a strong swell which compromised the occasional night’s sleep for many a crew!

One day in mid-January, Frank and Yves decided to treat themselves and the boys, Dimitri and Nathan, to a day of sailing and fishing on Rusée, granting Sylvie and me time to ourselves. Unfortunately, the winds were gusting and the seas heavy, and a little after one o’clock, we saw the boat reappear at the head of the bay… without fish in spite of the “fish food” send overboard by members of the crew…

We were very excited about visiting the mythical Grenadines, and from January 21 to February 14 we sailed throughout these islands with Sylvie, Frank, Dimitri and Nathan. As a bonus, we ran into Catacaos, with Lorraine, Graham and young Lucas (now much taller)on board. It was a quick reunion as they had to sail south to Grenada to pick up a guest, but we were very happy to have seen them again, especially that they are now in the Pacific Ocean, pursuing the second half of their round the world cruise.

The Grenadines are comprised of fifteen or so islands and islets spread out between St. Vincent to the north and Grenada to the south. With the exception of Carriacou, Petite Martinique, Fota and Petite Dominique that belong to the latter, the islands are part of St. Vincent. During our time there, we identified three categories of Grenadines islands: the “authentic” ones where people live as they always have from fishing and agriculture; the ones that focus on elite tourism by offering super-exclusive facilities to the super-rich; and the Tobago Cays, undoubtedly the favourite of cruising sailors, as they are made up of four uninhabited islands that sit in the center of a large nature preserve. In spite of their popularity resulting in crowded anchorages, we spent three lovely days exploring the islands and reefs, and swimming with the turtles in crystal-clear water. Although the weather was still perturbed, we were totally protected from the ocean swells by the large horseshoe-shaped reef that isolates the Tobago Cays from the open sea. 

Bequia (pronounced Beckway), the most northerly of the Grenadines chain, is probably the island that best manages the fragile balance between local economy and tourism, and it pleased us to such an extent that we stayed for over a week. After a few days in the picturesque but very choppy Friendship Bay, where we were most often alone with Two’s Company, we joined the crowd of boats at shelter in Admiralty Bay, the island’s principal anchorage. And from there, we continued our daily treks along the superb trails, roads and beaches.

Having decided to jump over the island of St. Vincent, we arrived in StLucia on February 15 and spent five days at anchor in Marigot Bay on the south-western coast and Rodney Bay to the north. St. Lucia was a lovely surprise for us in every way: the beauty of its nature, the quality of its yacht shelters, its under-water sea life, its welcoming population and its services destined to the cruising sailor. The island is officially Anglophone, so we were very surprised to find that the “Boat boys” (mooring renters and fruit sellers) and locals alike speak a very understandable French patois; undoubtedly a vestige from the days when St. Lucia was a French colony. What a charming people! Including Max, who makes and sells baskets, hats and animals created from palm tree leaves. He gave us a number of gifts (a hat, some fishes and birds) and we naturally encouraged him by buying a few baskets.

Marigot Bay is very pretty. Narrow and deep, it ends in a small lagoon which harbours marinas, restaurants and luxury accommodations. The high cliffs that surround the bay are lushly green and the houses perched in the mountains make a lovely sight. Our walks offered us both excellent cardiovascular workouts and breathtaking panoramas!  One day, we all climbed aboard Two’s Company’s fast dinghy for an excursion to the Pitons, some nine nautical miles south of Marigot, where we snorkelled in a translucent sea with beautiful blue reflections and saw lots of coral, anemones and fish. We also picnicked on a deserted beach, and  found new treasures to add to our growing shell collections.

Rodney Bay on the northwest coast of St. Lucia is very large and shelters several dozen boats facing a long stretch of beach lined with hotels and restaurants. But Rodney Bay also has a vast inner lagoon with marinas and anchorage zones that can harbour hundreds of boats, including the biggest mega yachts, and offers all the services a sailor could possibly need. We were short on time and only spent two days anchored in the outer bay, but we promised ourselves to return soon. The Sanchez family had to get to Guadeloupe to pick up the boy’s new school books, and we parted ways, promising to catch up with them a few weeks hence.

As for us, we were expecting company in Martinique! And as we hadn’t yet been to the island, we wanted to arrive before our guests to get our bearings, prepare the boat and lay out a skeleton plan of activities. My sister Chantal and her friend Iliasse met us in Ste-Anne on the southeast coast of Martinique, and we spent a wonderful week biking, trekking, sharing picnics on the beach and snorkelling, with here and there some time off to relax on the boat. What a treat to share with them what turned out to be my favourite snorkelling excursion of the entire trip, as just north of Anse Noire, we swam in grottoes and explored reefs teeming with incredible sea life, including bright orange flowering corals and delicate, lilac-coloured anemones I have never seen elsewhere. In the heart of a grotto with superb varicoloured walls we also found hundreds of bats noisily chattering as they hung upside down awaiting the cover of darkness. We were very happy to be able to share a bit of our universe with Chantal and Iliasse!

After their departure, we headed to Anse Mitan to visit a dancer-choreographer friend from the island, and had the pleasure of being invited by Josiane and her husband, Maurice to their home and studio near the summit of Morne Gallochat.  Meanwhile, a few problems had sprung up on the boat, and we had to return to Le Marin, at the southeast tip of the island, so that Yves could buy the necessary parts. We then continued our sail up along the western shore and made a final stopover in St-Pierre, the former capital of Martinique, once known as “Le Petit Paris” of the Caribbean. St-Pierre is sadly infamous for the 1902 eruption of Mont Pelée; a terrible tragedy which cost the lives of nearly 30,000 people, and as we wandered throughout the city, we found the ruins of the eruption still clearly visible, a museum dedicated to the event and a large quantity of houses and public buildings built atop the foundations of destruction. In spite of this difficult heritage, it is a charming city.

It was time to sail to Dominique, an island we were impatient to visit, and on the morning of March 15 we motor-sailed out of St-Pierre under erratic winds that were contrary to the forecast. However as we suspected, they were a local phenomenon and as soon as we cleared the island of Martinique, we were able to set sail for what turned out to be a magnificent day under bright blue skies, hot sun and a warm breeze! The sea was covered with frothy white sheep skipping for joy and leaping ambitiously; some whitecaps even reaching us in the cockpit. But conditions change quickly in the islands, and as we approached the southern tip of Dominique, the wind was gusting so strongly we had to reef in the sails; and yet a little while later… nothing. We had to motor the rest of the way!

While still a few miles from Roseau we were greeted by Desmond, one of the local “Boat boys”. Courteous and warm, he politely offered to rent us a mooring. “You want to anchor?! Not a good idea… you could harm the coral and our fish pots”.  Yves glanced at me with a half-smile and replied “Oh really?! …OK. We’ll take a mooring for one night”. At the equivalent of $10US per night, it was worthwhile encouraging the local economy, and in the end, we stayed on the mooring for three nights.

Desmond also put us in touch with his boss “Sea Cat” who organised a half-day tour for a group of visiting sailors. With our guide, Joe, we visited Laudat, in the mountains to the northeast, Titou Gorge, Trafalgar Falls in the Trois Pitons National Park, and the “Bubbling Lake” and “Sulphur Springs” of the “Mini Volcano” near the village of Wotten Woven (nothing like the volcanic phenomena of Sao Miguel…). To end our tour, we took Jack’s Trail perched above Roseau to admire the city from above and visited the Botanical Gardens where we saw some extraordinary trees, including a giant Baobab which crushed a school bus (thankfully empty!) during Hurricane David in 1979. There were also a “Cannonball tree” whose trunk was covered with vines at the end of which were balls that did look like cannonballs (apparently, when they fall from the tree and happen to break open, they emit a horrible smell of decay) and a gigantic Indian Banyan tree. Larger than life! Most impressive!!

During our first stop of the day, I almost missed the best of our tour at Titou Gorge. There were many tourists off a cruise ship and the water was quite cool…, but when I saw the happy faces of returning swimmers, I gave in to temptation, and what fun it was to swim along the narrow, winding river between high vertical cliffs, under a sun-filtering canopy of trees, and eventually arrive near the foot of a waterfall where I fought impressive currents in my attempt to reach its base. Later, at Trafalgar Falls, we admired twin waterfalls and found hot and cold springs, and for Yves and me who had not known the pleasure of soaking in a warm bath for over 20 months, the hot spring was true luxury in spite of the tropical heat. All in all, our guided tour brought us through luxuriant and fragrant terrain and allowed us to witness how close to nature Dominicans live. In its “excesses”, Dominica’s natural resources recall Sao Miguel in the Azores and Madeira. However, Dominica is a large island, and we were unable to see Victoria Falls, the Emerald Lake, the Indian River at Portsmouth…

As thrilled as we were with the island’s natural bounties, I found Dominica to be quite poor according to North American standards. Small shacks of corrugated iron; patched up, discoloured and rusted; with chicken wire covering the few windows, are predominant. These poor hovels stand next to rarer, brightly painted, small modern houses of cement. The commercial buildings are also run-down, and more than once, I realized that a house I thought abandoned was in fact lived in; that a hotel or store that seemed closed to business was in fact operational. Moreover, the streets are narrow and the few sidewalks broken down. Pedestrians are forced to walk in the streets, where drivers honk and show little sympathy. There are crowds everywhere. The streets are their yards, sitting rooms, places of business, playgrounds and gathering places…  It is all very “Caribbean”, but also very “English”, and the locals seem happy and have a contagious “joie de vivre”. All in all, we greatly appreciated Dominica and left the island pleased with our visit and confident that we will soon return.

Our next destination was Les Saintes, and we had just learned that our friends Sandy and Bill from the Dragonfly were leaving the Virgin Islands to meet us there. As we hadn’t seen them since the previous July, when we left Bermuda to sail to the Azores as they headed for the United States, ours was a joyous reunion… that unfortunately lasted only a few days.

Yves’ sister was due to visit us from March 24 to 31, and we met her in Guadeloupe and promptly sailed her back to Les Saintes. In the meantime, Manu and Michèle from the sailboat Teepee had arrived with a friend, and Andrée’s visit was largely spent in their company. We introduced her to our favourite spots (like the superb Pompierre beach) and continued our explorations of the island with her, trekking along new trails, including the 1,000 foot Le Chameau, the island’s highest point, and visiting Fort Napoléon, a beautiful historic site where we could easily have spent an entire day. During this visit to Les Saintes, I was also initiated on both a kayak (of which Andrée is a keen adept) and a sailing dinghy, with Manu as my “Sailing Dinghy 101” instructor. Great fun, but much less stable than Rusée!

It was already the beginning of April, and following Andrée’s visit, we continued north, making a brief stopover in Deshaies, on Guadeloupe’s northwest coast, before arriving in Falmouth Harbour, Antigua, where we caught up with the Sanchez family. We were looking forward to our final “discovery” of the season, and soon set off for Barbuda with Two’s Company. Barbuda is an enchanting and little known island north of Antigua that held us captive and captivated for a full ten days. Untouched and underdeveloped, it undoubtedly resembles the Caribbean of centuries past, and in spite of unsettled weather (it rained 5 days out of 10 …), we thoroughly enjoyed its natural beauty and calm. Moreover, thanks to our ambassador, Frank, we met Gambi, Doug and Ziko, three local fishermen who were very proud to share their island with us.

Over time, the Sanchez’ came to feel like “family”, and we were like adopted “aunt and uncle” to Dimitri and Nathan. Both in Madeira and on this side of the Atlantic, they were part of our daily lives and we theirs as we shared the joys of family life and the challenges of schooling by correspondence in a paradisiacal environment that, one must admit, doesn’t really encourage youngsters to plunge into their schoolbooks. One at a time and sometimes on the spur of the moment, the boys slept on board and Dimitri sailed on Rusée for our passages from Antigua to Barbuda and then on to St. Barths. During the latter, we caught no less than four fish, including a 50’’ Dolphin fish and a young Barracuda. The last two were Great Barracudas over one metre in length. Too big to be eaten without running the risk of ciguatera poisoning, they were released back into the sea.

Our main reason for returning to St. Barths was to see our Alsatian friends Suzanne and Dominique Noeser, who have lived on the island for over ten years. It was great fun to introduce them to the Sanchez family, also from the Alsace-Lorraine region of France, and to witness them discover a number of common friends and acquaintances!  In spite of breezy conditions during our stay, we also enjoyed showing the Sanchez’ around St. Barths and sharing l’Anse de Colombier with its turtles, stingrays and starfish, not to mention the ever-present tropical fish. However, we needed to begin our descent south, and on April 30, once the contrary winds had calmed, we took to sea. Our hearts were heavy, because we were parting ways with the crew of Two’s Company, who were pursuing their own path towards the Virgin Islands, Bermuda, and Europe.

Grenada sits some 365 nautical miles southeast of St. Barths, a distance we could sail directly in a few days or “island-hop” in several steps, which is what we chose to do. Skipping over Antigua and heading directly to Les Saintes gave us a better angle to the wind, and one and a half days later we arrived in the anchorage at Pain de Sucre having caught a lovely Bonito; our last fish of the season. We sailed back out of Les Saintes on May 3rd under grey and rainy skies, but also with a favourable wind that had us skipping along for several hours. However, in the evening and overnight, the wind changed moods several times and we had to keep adjusting sails and even run the motor occasionally, and by daybreak, the lovely breeze of the day before had turned against us and we were close-hauled. Contrary winds were decidedly a large part of our winter! Having sailed past Dominique with a twinge of regret during the night, we arrived at Martinique’s Grande Anse d’Arlets by late morning.

Our next step was St. Lucia’s Rodney Bay where we wanted to fill up with water, diesel and propane. There, we also ran into some Québécois friends and met Gregory, a native St. Lucian who sells fruits, vegetables and local souvenirs out of his small motor boat decorated with the flags of numerous nations. Gregory transformed one of my big conch shells into a blow-horn, and since he didn’t have a Canadian flag, we were happy to offer him one.

Some twelve hours of navigation were expected to reach Bequia, and we left St. Lucia in late afternoon on May 7 and sailed past St. Vincent during the night. During this second visit to Bequia we met “Miss J”, the owner of a book store, a juice bar and the newly opened Fig Tree restaurant. Dynamic and highly energetic, she also founded a reading club for children, and is always looking for volunteers to read to the youngest.

The Sea Gods decided to give us a treat for our last sail of the season which took place during the night of May 8 to 9 between Bequia and Grenada. We were under asymmetrical spinnaker until 10pm, and then sailed with the number 1 Genoa the rest of the night. We spent our solitary watches in the cockpit enjoying the balmy air, admiring the starry sky and guessing at the individual Grenadines islands as we passed them to port.

Ever since leaving St. Barths, we had been feeling a little too strongly the approaching end of our voyage. But with our arrival in Grenada, the end loomed: immutable, palpable, and inevitable. We tried to remain in the “no-stress” atmosphere of the Caribbean and enjoy our marine environment each day, but we had a lot to do to prepare our departure, and from May 10 to 24 we worked on decommissioning the boat for haul-out; determining what would stay aboard versus follow us to Quebec and preparing our luggage. Quite a contract; and all the more so because when we left Quebec in 2009, we had never considered returning without our floating home!

We spent our last days in Grenada anchored in St. Davids Bay near the Grenada Marine Shipyard. Our days took on a distinct pattern: rising early and having breakfast in the cockpit; a bit of reading over a second cup of coffee; plunging into our chores; enjoying a well-deserved late afternoon swim (we could have swum during the day, but once our locomotives were running, they were never easy to stop!) and finally having supper with our friends Manu and Michèle, who were also hauling their boat at the same shipyard.

The decision to leave Rusée de Jersey in the Caribbean certainly wasn’t an easy one to make, especially for Yves who has never been separated from his boat. But it was a decision that gained leverage over time as we encountered a number of compatriots who have happily adopted the compromise we were considering: that of becoming “cruising snowbirds”: living half the year in Quebec and the other half on the boat.

We flew home at the end of May, just in time (a nice coincidence) for the opening night at the Quebec Yacht Club and the year-end performances of L’Ecole de danse de Québec. It has been wonderful to reunite with family and friends. It will be wonderful to spend the coming months on “Terra Firma”. It will be a great personal joy for me to resume teaching. And it will be wonderful to return to Rusée de Jersey next winter.

We are thankful for these past two incredible years and we thank you, our readers, for following our adventures and encouraging us to share our story.

             Dominique & Yves

2 Comments on “Carnet nº 14 : Les Antilles, prise 2

  1. Merci pour ce partage, c’est pas mal du tout. Je m’occupe de la partie actu pour la ville de la Rochelle et je ne vais pas hésiter à relayer votre article. Cordialement.

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