Mes mains sur ses hanches…

Debout dans l’annexe, avec la direction du hors bord bloquée au centre, je suis derrière Dominique et je me tiens à sa taille. Un peu insécure, elle se retient elle même à l’amarre avant de notre petit bateau gonflable. Je presse un peu sur sa hanche droite, et comme une danseuse elle transfère son poids sur sa jambe gauche. Presque par magie et sans toucher au moteur lancé à plein régime, nous tournons et contournons le dernier enrochement. Puis je la ramène au centre pour nous diriger sur RUSÉE de JERSEY à l’autre bout de la baie. Ses cheveux fouettés par le vent me flattent et me chatouillent le cou et je ne peux m’empêcher de sourire. Quelle image intrigante doit-on offrir aux gens qui nous regardent de leur bateau ancré: moi avec mes lunettes et mes cheveux blancs, amoureusement enlacé à sa taille si fine, elle si jeune et jolie… Je me sens accusé, épié et envié. Je chantonne à son oreille les mots de Adamo: « …Laisse mes mains sur tes hanches, ne fait pas cet air furibond, tu l’auras ta revanche, tu seras ma dernière chanson… »

Je souris en pensant à notre plongée de cet après-midi effectuée dans les eaux de Peter Island. Devant nous, il y avait sur un mur, un corail si vivant et si riche en violets, ochres et rouges, ses couleurs amplifiées et nuancées par l’effet prismatique des rayons du soleil à la surface, soixante pieds plus haut. Il y avait sur ce mur des éponges, éventails et anémones qui ondulaient en harmonie avec la mouvance des eaux. Il y avait aussi un groupe de Papillons Pyjama qui paradaient devant nous, et qui étalaient leurs jaunes vifs et leur noir.

À la base de ce mur; des grottes, des cachettes à poissons et sur le sable blanc; des conches, des étoiles de mer, quelques bouteilles… Notre attention est retenue un instant par deux barracudas presque immobiles qui semblent nous surveiller. Plus tard, un magnifique mérou nous donne, faut bien le dire, l’eau à la bouche. Derrière moi, Dominique s’attarde à la base d’un rocher où une petite murène garde l’entrée d’une grotte. Curieux, je retourne sur mes « pas » et elle me montre les antennes de trois respectables homards tout au fond de la caverne, protégés par la murène menaçante.

Plongée
Dominique est concentrée à cueillir quelques coquillages au pied de la falaise sous-marine. Puis nous entamons notre remontée en tentant de prolonger un peu cette merveilleuse expédition quand une ombre passe sur moi et couvre tout mon espace. Je lève la tête et les yeux à la limite du champ de vision de mon masque de plongée. La raie qui nous « survole » fait au moins un mètre de large et sa longue queue lui donne une allure de vaisseau spatial. Le « Spotted Eagle Ray » se reconnaît à sa tête de tortue et à son bec pointu. Le dessus de sa carapace et de ses ailes est foncé avec des taches blanches qui couvrent toute sa surface. Pour l’instant nous nous faisons tout petits et immobiles pour ne pas l’effrayer. Nous ne voyons que son dessous tout blanc et sa petite bouche fermée. Elle plane au dessus de nos têtes avec grâce et nous ignore. Les mouvements ondulatoires et lents de ses ailes et sa queue immobile nous indiquent qu’elle est en confiance et pas du tout inquiète. Difficile d’imaginer que ce poisson si tranquille soit capable de tant de prouesses et d’acrobaties. Je me souviens que nous marchions un soir sur un sentier aménagé de Gorda-Sound; un groupe de cinq ou six raies sautèrent à plusieurs reprises hors de l’eau comme s’ils faisaient partie d’une escadrille de chasseurs. Ces raies sautaient à une vitesse et à une hauteur telle que tous les passants sur la plage étaient restés immobiles et silencieux, subjugués par la grandeur du spectacle. Pour l’instant, tout est quiétude. Plus loin, la silhouette un peu vague d’une tortue attire notre attention. Elle passe son chemin et se dépose enfin sur un îlot de gazon pour machouiller sa salade préférée.

Une fois au bateau et une fois l’équipement de plongée lavé et rangé, il reste à prendre les grandes décisions du jour; steak ou poisson ? Sur la poêle ou sur le BBQ? Vin blanc ou rouge ? Souper dans le cockpit ou dans la cabine ?

Film ou lecture ?

Plutôt dodo très tôt.

Yves
RUSÉE de JERSEY
Deadman’s Bay, Peter Island

http//:rusee-de-jersey.ca

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*